Lettre à celle que je deviens
CHAPITRE 6
Une traversée intérieure
Je n’avais pas écrit depuis longtemps.
Et ce matin, les mots sont venus. Après avoir process ce que je suis en train de vivre.
Je me demandais par où commencer.
De quoi je veux parler ?
De la solitude, du chaos intérieur, de ce cheminement lent et parfois brutal ?
Peut-être juste… mettre des mots sur ce que je traverse.
Je crois que je suis une sad girl, en réalité.
La sad girl energy, c’est pas juste être triste.
Mais une personne sensible, lucide, qui ressent tout intensément : la joie, la peine, l’amour, le doute.
C’est une façon de vivre et de dire les choses avec sincérité, même quand c’est flou ou fragile.
J’ai toujours eu cette part de moi d’avant très pétillante, souriante…
Et aujourd’hui, cette part est plus enfouie, plus cachée.
Je m’exprime autrement, à travers ma mélancolie.
Et peut-être que c’est ça aussi, être une sad girl :
ne pas tricher avec ce que l’on vit. Juste être sincère.
Entre mélancolie et lumière
Je traverse des états de joie, de solitude, de tristesse, de bonheur, de chagrin, de mélancolie…
Et parfois, je me dis que je suis instable émotionnellement.
Mais en vrai ?
Je pense que je suis juste hypersensible.
Ce mot est tellement utilisé aujourd’hui qu’on oublie ce qu’il veut vraiment dire.
Mais être hypersensible, c’est ressentir… tout, à 1000 %.
Et si c’était ça, être vraiment entier·e ?
S’écouter. Accueillir. Ne plus fuir les émotions, même les plus douloureuses.
Les laisser exister, sans honte, sans filtre.
Les pensées qui tournent en boucle
Je pense beaucoup.
Trop.
Je fais de l’overthinking.
Tout est dans ma tête : je refais le film de mes décisions, de mes paroles.
Je doute. Je remets tout en question.
Parfois je me demande : est-ce que l’hypersensibilité est un fardeau ?
Avant, je croyais que oui.
Je me sentais instable, incapable de trouver un juste milieu.
Je passais du tout au rien, d’un extrême à un autre, de l’amour profond à la remise en question totale.
Mais aujourd’hui, je comprends que ce n’est pas une faiblesse.
C’est juste… vivre intensément.
Réapprendre la joie
En ce moment, j’ai du mal à ressentir de la vraie joie.
La joie pure, celle qui rend vraiment heureuse.
Je crois que j’ai besoin d’une reprogrammation mentale.
Passer de “je doute” à “je suis capable”.
Remplacer les pensées négatives par de la douceur.
Voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
Apprendre à être heureuse seule, vraiment seule.
Et ce n’est pas si simple.
La petite fille silencieuse
J’ai grandi dans la solitude.
Je ne sais pas ce que ça fait d’être entourée en permanence, de se sentir aimée profondément, sans condition.
Mes parents sont formidables.
Je ne leur en veux pas. Ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes.
Mais ils ont une pudeur sur les émotions. Ils n’ont pas appris à dire les choses.
Et la petite fille au fond de moi… elle aurait aimé entendre :
“Caroline, tu es belle. Je suis fière de toi. Tu es merveilleuse.”
Elle aurait aimé être accompagnée dans ses émotions, écoutée, reconnue.
Pas seulement par un conjoint, mais par ceux qui m’ont vue naître.
J’aurais aimé entendre ça aussi de mes amis.
Me sentir aimée, choisie, validée.
Quand tout explose
J’ai traversé des périodes chaotiques, si fortes que, parfois, quand tout est stable… je me sens perdue.
Je remets tout en question.
Je ne connais pas vraiment cette sensation de paix prolongée.
Moi qui avais un plan de vie sur dix ans :
bac, permis, voiture, école, boulot, mariage, maison.
Tout était “parfaitement” calé. Et je l’ai fait.
Et puis… tout a explosé.
À 25 ans, j’ai dû tout recommencer.
Ma vision a changé.
Ce que je croyais vouloir… ne me correspondait plus vraiment.
Et j’ai compris que la vie ne suit aucun plan.
J’ai appris à lâcher prise.
À arrêter de vivre dans la projection ou dans le “si j’avais”.
À comprendre que le bonheur, c’est ici. Maintenant.
Et j’ai aussi dû faire un deuil.
Le deuil de celle que j’aurais pu devenir.
Le deuil d’un futur imaginé.
Le deuil de certaines relations, aussi.
Ce n’est pas facile, mais c’est nécessaire pour reconstruire autrement.
L’accomplissement invisible
On ne parle pas assez de ces victoires silencieuses.
Celles qu’on ne partage pas, qui ne se voient pas à l’extérieur, mais qui transforment profondément.
L’accomplissement invisible, c’est ce que personne ne valide, mais qui te rend plus alignée, plus libre, plus toi-même.
C’est oser affronter ce qu’on a enfoui, changer des schémas, apprendre à se choisir.
Ce ne sont pas des trophées, mais des étapes clés dans la reconstruction de soi.
Et aujourd’hui, j’apprends à vraiment les reconnaître.
À apprécier ce que j’ai, ce que j’ai construit… à l’intérieur.
Vos messages me l’ont confirmé :
Le vrai succès, ce n’est pas ce qu’on possède ou ce qu’on affiche.
C’est l’accomplissement de soi.
Pas celui qu’on valide avec des diplômes, des mariages ou une maison,
mais celui qu’on ressent au fond, quand on se sent enfin aligné·e avec qui l’on est.
J’ai une amie qui vit ça.
Elle est en plein développement personnel, elle se cherche, elle se construit.
Elle vit en coloc, pas encore en couple, pas de voiture, pas de bien immobilier, et elle fait un job alimentaire loin de ses études.
Elle voyage, elle prend du temps pour elle, elle avance sur ses projets en silence.
Et pourtant… elle évolue. En profondeur.
Mais comme elle ne coche pas les cases “classiques” de la société : CDI, couple, achat immobilier
On lui a dit qu’elle stagnait.
Alors qu’en réalité… elle grandit. Intérieurement. À son rythme.
Revenir à soi
Moi aussi, je suis en chemin.
J’ai longtemps oscillé entre deux extrêmes :
soit trop “dans la lune”, trop connectée au ciel, déconnectée du concret,
soit à l’inverse, trop rigide, trop cadrée, à vouloir cocher les cases, atteindre des objectifs, sans vraiment m’écouter.
Aujourd’hui, j’essaie simplement de revenir à l’essentiel.
Avant, je vivais pour réussir.
Aujourd’hui, je vis pour ressentir.
Je ralentis.
Je lis.
J’écris.
Je me perds dans mes pensées.
Et surtout : je respire.
Je ne dis pas que je veux arrêter d’avoir des projets, j’en ai plein la tête !!!
Mais je veux les vivre en conscience.
Pas juste les cocher comme une to-do list.
Pour toi qui me lis
Que tu sois dans une période de turbulence, ou juste dans une quête de calme,
que tu ressentes un grand vide, ou simplement l’envie de ralentir un peu…
Tu as le droit.
Le droit de faire une pause.
Le droit de ne pas avoir tout compris.
Le droit d’être en chemin.
Si quelque chose ne va plus : prends du recul.
Fais un point, en tête-à-tête avec toi-même.
Demande de l’aide.
Ouvre ton cœur.
N’aie pas honte de vouloir être aimé·e, soutenu·e, compris·e.
Tu n’es pas seul·e. Je te le promets.
Merci à vous qui me lisez, qui me partagez vos ressentis.
Ça me rappelle qu’on n’est jamais vraiment seul·e dans ce chaos.
Je continue d’avancer, sans pression, mais avec tout ce que j’ai dans le cœur.
Ce n’est pas linéaire, ce n’est pas parfait, mais c’est vivant.
Et c’est tout ce qui compte.
Et toi, dis-moi… tu en es où, toi ?